En visite à Vollèges

En visite à Vollèges
avec Bernard Abbet

Un havre de tranquillité. L’expression sied parfaitement à Vollèges. Bernard Abbet, collaborateur administratif au Service de l’action sociale (SAS), y est né en 1962 et y vit toujours : « J’aime la quiétude des lieux. Nous autres Vollégeards apprécions également la discrétion ». A Vollèges, l’accueil est authentique, à l’image de ses habitants. Les buts d’excursions y sont aussi multiples et variés. Des pâturages boisés aux mines du Mont Chemin, en passant par la brasserie artisanale, Bernard Abbet a sélectionné pour nous quelques pépites. De belles découvertes en perspective !

 

Un site incontournable ? Les pâturages boisés

C’est un espace où forêts et pâturages cohabitent. Ici, à la belle saison, les vaches paissent et luttent au milieu des mélèzes. Bernard nous a conduits sur les hauts de Vollèges, jusqu’à l’alpage du Lein, à 1700 mètres d’altitude. « Les pâturages boisés sont emblématiques de notre région », explique-t-il. « Les éleveurs avaient besoin d’espace pour faire paitre le bétail. Ils ont ainsi défriché une partie de la forêt et laissé ce qu’il fallait de mélèzes pour que la nature soit belle. »

 

A Vollèges, ces pâturages boisés s’étendent sur 220 hectares entre les alpages du Lein, du Tronc, des Planches et du Bioley. Ce patrimoine paysager tient une place à part en Europe. A l’occasion du Bicentenaire de l’entrée du Valais dans la Confédération, le canton a d’ailleurs planté une trentaine de mélèzes dans cette zone d’importance cantonale.

 

Mais pourquoi garde-t-on des arbres dans un pâturage boisé ? Pourquoi les mélèzes sont-ils aussi écartés les uns des autres ? Si le thème vous intéresse, un sentier didactique répondra à toutes vos questions. Une fois sur place, laissez-vous tenter par le sérac d’alpage. Bernard le recommande vivement : « Il est crémeux, c’est une véritable merveille à déguster ! »

 

Un témoin du passé ? Les mines de Mont Chemin

Changement de décor. Nous quittons l’air libre pour explorer les profondeurs du Mont Chemin. Lampes frontales enclenchées, Bernard nous conduit à l’intérieur d’une galerie artificielle. « Il s’agit de la mine Hubacher. L’ouvrage mesure 430 mètres de long. C’est l’une des dernières mines de la région à avoir connu une activité », précise notre guide. La galerie de prospection a été creusée dans les années 1970. Elle a révélé un gisement de plus de 150'000 tonnes de fluorine, un minerai indispensable à l’industrie de l’aluminium et à la sidérurgie. Hélas, la chute du cours de la fluorine a réduit à néant le projet d’exploiter la ressource. Nous nous enfonçons un peu plus dans la mine abandonnée. Un burin pneumatique coincé dans la roche et les vestiges d’une voie ferrée témoignent des moyens engagés à cette époque. « C’est un élément remarquable de notre région, à préserver coûte que coûte. C'est juste un truc absolument incroyable », s’enthousiasme Bernard.

 

En plus de la mine Hubacher, le Mont Chemin dénombre une série de galeries dignes du plus grand intérêt. Le Sentier des mines emmène le curieux à la découverte de ce patrimoine minier. En activité depuis 25 ans, ce parcours thématique est en passe d’être revalorisé grâce au projet Interreg MIMonVe (Mines autour du Mont Vélan). Une expérience immersive avec jeux de son et lumière dans la galerie Hubacher fait partie des nouveautés à venir.

 

Une histoire fascinante : l’eau captée à 20 kilomètres de Vollèges

Pauvre en sources, Vollèges a souffert durant des siècles d’un manque chronique d’eau. Pour apaiser leur soif et irriguer leurs champs, les Vollégeards sont allés chercher l’or bleu au fond de la vallée de Bagnes. L’eau provient du Lac de Louvie, à 20 kilomètres de Vollèges et son parcours a longtemps été jonché d’obstacles : « Nous ancêtres ont dû creuser un tunnel, puis un bisse pour traverser la combe des hauts de Verbier. Et ce n’est pas tout... » De loin, l’enfant du pays nous montre les pentes de la Pierre Avoi, le passage le plus périlleux : « L’eau chutait d’une trentaine de mètres dans une canalisation en bois posée sur les pierriers instables de la Pierre Avoi. » Aux difficultés techniques et géologiques, venaient s’ajouter des rapports parfois compliqués avec le voisin : « Il arrivait que les Bagnards détournent le précieux liquide à leur avantage. »

Il aura fallu la construction du barrage de Mauvoisin (1958) et la signature d’une convention avec Bagnes pour que Vollèges boive à sa soif. « A présent, un réseau de canalisations moderne achemine l'eau au col du Lein dans un bassin de rétention avant d’alimenter les villages et les terres en aval. »

Un livre retrace cette saga. « Bataille pour l’eau » de Clément Bérard, expose 500 ans d’une lutte sans trêve ni merci. L’épopée de l’eau alimente aussi contes et légendes. Bernard a retenu pour nous l’histoire des Diablats de la Pierre Avoi : « Des nuages de poussière et des bruits étranges montent quelquefois des roches de la Pierre Avoi. La légende dit que ce sont des diablats, des démons, qui en sont la cause. Ils chercheraient à détruire le canal qui jadis traversait ce pierrier ».

 

Ma petite adresse ? La micro-brasserie

On y valorisait le lait de la région. La laiterie de Vollèges produit désormais de la « mousse ». Arrivés au terme de notre visite, Bernard nous invite à découvrir la micro-brasserie de son village. La production se passe dans les sous-sols de la vénérable bâtisse. Les boilles à lait ont toutes disparu, faisant place à des fûts à bière et des cuves en inox.

« Quel souvenir me reste-t-il de la laiterie ? Nous venions bien sûr y chercher notre lait, mais aussi une gourmandise appelée « le pri», que le fromager prélevait autour des fromages. Cela dit, je ne me sens pas nostalgique de l’époque. On a tous été enchantés par le projet de brasserie, car il perpétue en fait l’esprit artisanal du site », partage Bernard.

Aujourd’hui, la laiterie est sous le giron d’une amicale. « Son rachat n’a pas été facile », relève Bernard. « Les murs appartenant à plusieurs parties prenantes de la laiterie, il a d’abord fallu retrouver les nombreux propriétaires et leurs parts sociales avant de signer l’acte de vente. »

La laiterie a changé de vocation il y a onze ans. La micro-brasserie y brasse désormais six breuvages distincts. On y trouve la Morentze, l’Epenette, la Creuse, la Tsélire, la Crevasse et la Tourbillon. Chacune de ces mousses porte le nom d’un lieu-dit de la région. « Ma préférée ? La Tourbillon », répond notre hôte, « parce que c’est une bière blonde désaltérante. »

Les brasseurs de Vollèges se définissent comme des amateurs passionnés de malt et de houblon. Leurs bénéfices sont réinvestis dans l’appareil de production et soutiennent les animations villageoises. Jamais à court d’idées, l’amicale a aussi lancé la balade de la bière. « Plusieurs brasseries artisanales sont invitées à participer à l’événement qui se tient le premier week-end de septembre. C’est une occasion unique de découvrir l’univers des micro-brasseries », conclut Bernard.

 

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