Reportages

Portrait

Kevin Raux - Sa quête du passeport suisse

Portrait Kevin Raux - Sa quête du passeport suisse

«Je le jure ! » : par ces mots, Kevin Raux est devenu citoyen valaisan. L’assermentation s’est déroulée le 24 mai à la Simplonhalle de Brigue. Régis, son papa, et Celcivane, sa maman, sont à ses côtés. Le moment est intense et solennel. La famille Raux prête serment dans une salle comble – 360 candidats sont présents ce jour-là – devant le conseiller d’Etat Frédéric Favre et la sous-commission « Naturalisation » du Grand Conseil. La cérémonie terminée, Kevin Raux s’est vu remettre son acte d’origine. L’aboutissement d’un long parcours pour cet enfant de Port-Valais.

Kevin Raux a vu le jour à Nyon, mais c’est en Valais qu’il a grandi, dès l’âge de quatre ans. Ses parents ont immigré très jeunes en Suisse. Son papa vient du Nord-Pas-de-Calais en France et sa maman de la région de Rio de Janeiro au Brésil. « Jusqu’ici, lorsqu’on me posait la question de mes origines, je me sentais un peu mal à l’aise, de crainte qu’on me colle une étiquette, se souvient le nouveau citoyen valaisan. Cela dit, on ne m’a jamais fait sentir que j’étais étranger, peut-être aussi parce que les gens l’ignoraient ». Titulaire jusqu’ici d’un permis C, Kevin s’est toujours senti bien chez lui en Valais. Sportif assidu, il a porté haut les couleurs de son canton d’adoption. Membre des cadres valaisans de tennis, il a été couronné champion cantonal la saison 2014-2015. Kevin s’est également illustré en karaté avec une médaille de bronze au championnat suisse (2009-2010). Un modèle d’intégration, diront certains. Mais il en faut davantage pour prétendre à la nationalité helvétique.

Jusqu’ici, lorsqu’on me posait la question de mes origines, je me sentais un peu mal à l’aise, de crainte qu’on me colle une étiquette, se souvient le nouveau citoyen valaisan. Cela dit, on ne m’a jamais fait sentir que j’étais étranger, peut-être aussi parce que les gens l’ignoraient

Du premier entretien à l’obtention du passeport à croix blanche, quatorze étapes attendent tout candidat à une naturalisation dite ordinaire. Certaines phases s’avèrent plus stressantes que d’autres, à l’instar des auditions devant les autorités. Première étape, la commune de domicile : « A Port-Valais, nous avons été convoqués ensemble avec mes parents. Ce fut plus un entretien qu’un examen. On a entre autres échangé sur l’histoire de la Suisse, sa géographie, ses institutions. Tout s’est bien passé », se souvient Kevin.

Second oral, le canton. L’audition se passe devant la sous-commission « Naturalisation » du Grand Conseil. Pour notre candidat au passeport suisse, le rendez-vous a tourné court : « Là, je me suis retrouvé seul, sans mes parents, et les questions se sont avérées plus pointues que prévu ». Verdict : c’est l’échec ! « J’ai notamment trébuché sur la question des départements des sept conseillers fédéraux et sur la différence entre Chambre haute et Chambre basse », regrette Kevin. Ce même jour, son papa et sa maman passent avec succès ce grand oral.

Là, je me suis retrouvé seul, sans mes parents, et les questions se sont avérées plus pointues que prévu ». Verdict : c’est l’échec !
Si j’avais encore échoué, nous aurions dû recommencer à zéro, y compris mes parents, qui eux avaient pourtant tout réussi du premier coup

La deuxième tentative sera la bonne pour Kevin : « Pour le coup, je m’étais vraiment bien préparé. J’ai passé deux mois à tout apprendre par cœur ». Mais ce n’est qu’après les félicitations de ses examinateurs qu’il prendra toute la mesure de l’enjeu : « Si j’avais encore échoué, nous aurions dû recommencer à zéro, y compris mes parents, qui eux avaient pourtant tout réussi du premier coup ». Il en frémit encore.

La nationalité suisse se mérite. Mais elle en vaut le prix. Citoyen helvétique à part entière, Kevin a désormais accès aux droits politiques. « Ce fut l’une de mes principales sources de motivation, reconnaît-il. J’adore les débats de société et j’entends bien à présent m’engager politiquement. Mes valeurs ? La liberté d’entreprendre et la cohésion sociale sont des thèmes qui me sont chers ». Notre futur politicien se donne encore le temps de trouver un parti. En attendant, il se réjouit des « toutes premières fois » à venir, en l’occurrence l’assemblée primaire et les votations fédérales.

J’adore les débats de société et j’entends bien à présent m’engager politiquement.

Dame Helvetia accorde d’une main des droits et fixe de l’autre des devoirs. Servir l’armée en est un. Kevin y voit une belle opportunité : « C’est une chance énorme de pouvoir remplir ses obligations militaires. On y cultive la camaraderie tout en vivant des expériences hors du commun. A choisir, j’aurais une préférence pour l’armée de l’air », précise notre futur soldat. Mais avant son école de recrue, Kevin doit encore terminer son apprentissage d’employé de commerce. « Je viens de passer deux ans à la Chancellerie. Ma troisième et dernière année de formation se passera au SETI, le Service de l’économie, du tourisme et l’innovation ».

Franco-brésilien de souche et depuis peu Helvète, Kevin détient désormais trois passeports. Du haut de son mètre 96, il savoure son bonheur: « Je suis né en Suisse, j’ai fait toutes mes écoles en Suisse. Mes racines, elles sont suisses. Je ne vais pas pour autant renier mes origines brésiliennes et françaises». De ses origines plurielles, Kevin entend y puiser sa force, et pour lui, et pour ce Valais qui l’a vu grandir.

Je suis né en Suisse, j’ai fait toutes mes écoles en Suisse. Mes racines, elles sont suisses.
  retour

En visite

En visite à Vollèges

En visite à Vollèges

En visite à Vollèges<br> avec Bernard Abbet

Un havre de tranquillité. L’expression sied parfaitement à Vollèges. Bernard Abbet, collaborateur administratif au Service de l’action sociale (SAS), y est né en 1962 et y vit toujours : « J’aime la quiétude des lieux. Nous autres Vollégeards apprécions également la discrétion ». A Vollèges, l’accueil est authentique, à l’image de ses habitants. Les buts d’excursions y sont aussi multiples et variés. Des pâturages boisés aux mines du Mont Chemin, en passant par la brasserie artisanale, Bernard Abbet a sélectionné pour nous quelques pépites. De belles découvertes en perspective !

 

Un site incontournable ? Les pâturages boisés

C’est un espace où forêts et pâturages cohabitent. Ici, à la belle saison, les vaches paissent et luttent au milieu des mélèzes. Bernard nous a conduits sur les hauts de Vollèges, jusqu’à l’alpage du Lein, à 1700 mètres d’altitude. « Les pâturages boisés sont emblématiques de notre région », explique-t-il. « Les éleveurs avaient besoin d’espace pour faire paitre le bétail. Ils ont ainsi défriché une partie de la forêt et laissé ce qu’il fallait de mélèzes pour que la nature soit belle. »

 

A Vollèges, ces pâturages boisés s’étendent sur 220 hectares entre les alpages du Lein, du Tronc, des Planches et du Bioley. Ce patrimoine paysager tient une place à part en Europe. A l’occasion du Bicentenaire de l’entrée du Valais dans la Confédération, le canton a d’ailleurs planté une trentaine de mélèzes dans cette zone d’importance cantonale.

 

Mais pourquoi garde-t-on des arbres dans un pâturage boisé ? Pourquoi les mélèzes sont-ils aussi écartés les uns des autres ? Si le thème vous intéresse, un sentier didactique répondra à toutes vos questions. Une fois sur place, laissez-vous tenter par le sérac d’alpage. Bernard le recommande vivement : « Il est crémeux, c’est une véritable merveille à déguster ! »

 

Un témoin du passé ? Les mines de Mont Chemin

Changement de décor. Nous quittons l’air libre pour explorer les profondeurs du Mont Chemin. Lampes frontales enclenchées, Bernard nous conduit à l’intérieur d’une galerie artificielle. « Il s’agit de la mine Hubacher. L’ouvrage mesure 430 mètres de long. C’est l’une des dernières mines de la région à avoir connu une activité », précise notre guide. La galerie de prospection a été creusée dans les années 1970. Elle a révélé un gisement de plus de 150'000 tonnes de fluorine, un minerai indispensable à l’industrie de l’aluminium et à la sidérurgie. Hélas, la chute du cours de la fluorine a réduit à néant le projet d’exploiter la ressource. Nous nous enfonçons un peu plus dans la mine abandonnée. Un burin pneumatique coincé dans la roche et les vestiges d’une voie ferrée témoignent des moyens engagés à cette époque. « C’est un élément remarquable de notre région, à préserver coûte que coûte. C'est juste un truc absolument incroyable », s’enthousiasme Bernard.

 

En plus de la mine Hubacher, le Mont Chemin dénombre une série de galeries dignes du plus grand intérêt. Le Sentier des mines emmène le curieux à la découverte de ce patrimoine minier. En activité depuis 25 ans, ce parcours thématique est en passe d’être revalorisé grâce au projet Interreg MIMonVe (Mines autour du Mont Vélan). Une expérience immersive avec jeux de son et lumière dans la galerie Hubacher fait partie des nouveautés à venir.

 

Une histoire fascinante : l’eau captée à 20 kilomètres de Vollèges

Pauvre en sources, Vollèges a souffert durant des siècles d’un manque chronique d’eau. Pour apaiser leur soif et irriguer leurs champs, les Vollégeards sont allés chercher l’or bleu au fond de la vallée de Bagnes. L’eau provient du Lac de Louvie, à 20 kilomètres de Vollèges et son parcours a longtemps été jonché d’obstacles : « Nous ancêtres ont dû creuser un tunnel, puis un bisse pour traverser la combe des hauts de Verbier. Et ce n’est pas tout... » De loin, l’enfant du pays nous montre les pentes de la Pierre Avoi, le passage le plus périlleux : « L’eau chutait d’une trentaine de mètres dans une canalisation en bois posée sur les pierriers instables de la Pierre Avoi. » Aux difficultés techniques et géologiques, venaient s’ajouter des rapports parfois compliqués avec le voisin : « Il arrivait que les Bagnards détournent le précieux liquide à leur avantage. »

Il aura fallu la construction du barrage de Mauvoisin (1958) et la signature d’une convention avec Bagnes pour que Vollèges boive à sa soif. « A présent, un réseau de canalisations moderne achemine l'eau au col du Lein dans un bassin de rétention avant d’alimenter les villages et les terres en aval. »

Un livre retrace cette saga. « Bataille pour l’eau » de Clément Bérard, expose 500 ans d’une lutte sans trêve ni merci. L’épopée de l’eau alimente aussi contes et légendes. Bernard a retenu pour nous l’histoire des Diablats de la Pierre Avoi : « Des nuages de poussière et des bruits étranges montent quelquefois des roches de la Pierre Avoi. La légende dit que ce sont des diablats, des démons, qui en sont la cause. Ils chercheraient à détruire le canal qui jadis traversait ce pierrier ».

 

Ma petite adresse ? La micro-brasserie

On y valorisait le lait de la région. La laiterie de Vollèges produit désormais de la « mousse ». Arrivés au terme de notre visite, Bernard nous invite à découvrir la micro-brasserie de son village. La production se passe dans les sous-sols de la vénérable bâtisse. Les boilles à lait ont toutes disparu, faisant place à des fûts à bière et des cuves en inox.

« Quel souvenir me reste-t-il de la laiterie ? Nous venions bien sûr y chercher notre lait, mais aussi une gourmandise appelée « le pri», que le fromager prélevait autour des fromages. Cela dit, je ne me sens pas nostalgique de l’époque. On a tous été enchantés par le projet de brasserie, car il perpétue en fait l’esprit artisanal du site », partage Bernard.

Aujourd’hui, la laiterie est sous le giron d’une amicale. « Son rachat n’a pas été facile », relève Bernard. « Les murs appartenant à plusieurs parties prenantes de la laiterie, il a d’abord fallu retrouver les nombreux propriétaires et leurs parts sociales avant de signer l’acte de vente. »

La laiterie a changé de vocation il y a onze ans. La micro-brasserie y brasse désormais six breuvages distincts. On y trouve la Morentze, l’Epenette, la Creuse, la Tsélire, la Crevasse et la Tourbillon. Chacune de ces mousses porte le nom d’un lieu-dit de la région. « Ma préférée ? La Tourbillon », répond notre hôte, « parce que c’est une bière blonde désaltérante. »

Les brasseurs de Vollèges se définissent comme des amateurs passionnés de malt et de houblon. Leurs bénéfices sont réinvestis dans l’appareil de production et soutiennent les animations villageoises. Jamais à court d’idées, l’amicale a aussi lancé la balade de la bière. « Plusieurs brasseries artisanales sont invitées à participer à l’événement qui se tient le premier week-end de septembre. C’est une occasion unique de découvrir l’univers des micro-brasseries », conclut Bernard.

 

  Retour

Dialogues

Info

Les chroniques de Stella

Sacrée technologie !

La chronique de Stella

Sacrée technologie !

Pour certains, la vie en télétravail n’est pas si terrible. Elle offre effectivement plusieurs avantages. On peut mettre le réveil un peu plus tard, plus besoin de manger à la cantine et on peut s’offrir de temps en temps des spaghettis aglio et olio sans provoquer de froncements de sourcils chez ses collègues. Mais pour ma part, il y a une chose que je ne supporte pas dans mon travail à la maison : les vidéoconférences. Même après une année, j’ai l’impression qu’elles suivent toujours le même sempiternel schéma.

Au début, c’est généralement la pagaille. Avec toujours les mêmes phrases et questions : « vous m’entendez? », « Thomas, t’es là? », « est-ce que quelqu’un sait si Tina va nous rejoindre? », « tu nous vois? », « je vous entends, mais je n’ai pas l’image.» Ensuite, lorsque tout le monde a réussi à se connecter, la réunion est interrompue par un chien qui aboie, un bébé qui pleure ou un mignon minet qui avance à tâtons sur le clavier en exposant son postérieur à la caméra. Une fois que chacun y est allé de son commentaire sur le doux mistigri ou a remis entre de bonnes mains son rejeton, les participants sont priés d’éteindre leur micro quand ils ne sont pas en train de parler. Ceci pour éviter que des bruits tels que décrits ci-dessus ne perturbent l’ordre du jour.

Un collègue choisit alors justement ce moment, loin d’être idéal, pour nous demander notre avis sur son image de fond « rigolote ». Et personne n’ose lui dire la vérité, à savoir que son super fond d’écran n’est en fait pas tellement plus qu’un fond vert qui lui coupe les cheveux ou la moitié du scalp.

La séance se poursuit. Le collègue X demande un peu de patience. C’est que, même après la dixième vidéoconférence, il n’a toujours pas compris comment partager son écran avec les autres. Et à la seconde où il y parvient enfin, il le regrette. Rappelons ici qu’il est conseillé de fermer certaines fenêtres ouvertes dans le navigateur en arrière-plan avant d’activer le partage d’écran.

C’en est trop pour moi. Il n’y a qu’une solution. Ma connexion est tout à coup mauvaise... J-e-e – grésillements – ne-e v…ous – grésillements – ...tends plus.

 

  Retour

Conseils

Coup d'oeil dans les archives de l'Etat

Les Décisions du Conseil d’Etat : du papier à l’électronique

Coup d’œil dans les archives de l’Etat

Les Décisions du Conseil d’Etat : du papier à l’électronique

506 registres ou 39 mètres linéaires, voilà ce que représentent les décisions prises par le Conseil d’Etat valaisan depuis 1815, sources essentielles pour la recherche, ainsi que pour la traçabilité de l’action de l’Etat.

Peu savent pourtant que, depuis 2011, le Conseil d’Etat valaisan prend ses décisions sur la base de dossiers entièrement électroniques grâce au système ECM DCE. A l’archivage papier s’est donc substitué un archivage numérique et les Archives de l’Etat du Valais ont déjà accueilli deux versements provenant du système ECM DCE en 2017 et 2021.

Vue des registres de protocoles des séances du Conseil d’Etat pour les années 1917 à 1920 (cotes : CH AEV 1101, 72 et 73).

L’archivage électronique permet de récolter des informations plus complètes, directement issues du système informatique d’origine. Ainsi, si les registres papier ne contiennent que les décisions, les dossiers numériques permettent de retrouver l’ensemble des pièces justificatives, ainsi que l’historique du traitement de chaque affaire.

Pour autant, il ne faut pas oublier que le numérique reste un support fragile nécessitant des processus rigoureux établis bien en amont du moment de l’archivage. D’où l’importance de bien penser à associer dès le départ le personnel des Archives à vos projets informatiques!

Extrait des informations sous forme électronique concernant une décision d’adjudication prise lors de la séance du 27 mars 2013 (cote : CH AEV, 1101-2017/85).
  Retour