Communiqué Santé publique

Planification des soins de longue durée 2026-2035 - Mise en consultation du rapport provisoire

Le Département de la santé, des affaires sociales et de la culture (DSSC) met en consultation le rapport provisoire de planification des soins de longue durée pour la période 2026-2035. Ce dernier vise à adapter les structures de prise en charge pour faire face à l’accélération du vieillissement démographique : en 2035 par rapport à 2023, la population âgée de 65 ans et plus aura augmenté de 36 % et celle des 80 ans et plus de 55 %. Cette évolution induit un fort besoin de développement de toutes les prestations. De nouveaux lits en établissements médico-sociaux (EMS) devront être mis à disposition pour les personnes présentant un besoin en soins important et ne pouvant de ce fait plus rester chez elles. Pour la première fois, la planification englobe une période de dix ans (au lieu de quatre), afin de permettre une vision à plus long terme pour les communes et les partenaires. Désormais, elle intègre également dans son analyse l’offre en appartements à encadrement médico-social, qui devra s’étoffer en tant qu’alternative à l’EMS. Les soins à domicile poursuivront leur croissance, tout en bénéficiant de l’appui des structures intermédiaires (lits de court séjour en EMS et structures de soins de jour).

Ces prochaines décennies, la population valaisanne âgée de 65 ans et plus devrait connaître une croissance importante. Cette population aura augmenté de 36 % en 2035 et de près de deux tiers à l’horizon 2050. De plus, la population valaisanne est plus âgée qu’en moyenne suisse, la part des 65 ans et plus représentant 20.9 % en Valais et 19.6 % en moyenne suisse, soit un rapport de dépendance (nombre de personnes de 65 ans ou plus pour 100 personnes de 20 à 64 ans) de respectivement de 34.8 en Valais et 32.3 en moyenne nationale. Les besoins futurs en soins de longue durée seront ainsi très fortement influencés par le vieillissement démographique et le canton tout comme les communes devront consacrer des moyens de plus en plus conséquents pour offrir une prise en charge optimale de leur population âgée.

En conséquence directe de cette évolution, le rapport provisoire de planification des soins de longue durée prévoit entre 442 et 769 lits de long séjour en EMS supplémentaires sur la période 2026-2035. Investir dans ces structures permettra non seulement de répondre aux besoins, mais aura également du sens du point de vue des finances puisque la prise en charge en EMS est moins coûteuse qu’à domicile pour les situations présentant un besoin en soins de niveau moyen à élevé. Le nombre de lits d’EMS augmenterait cependant moins rapidement que celui des personnes âgées. Une telle évolution ne sera soutenable que si l’offre en appartements à encadrement médico-social, intégrée pour la première fois dans cette planification, augmente de manière à pouvoir y héberger entre 664 et 1’305 personnes supplémentaires. Les appartements à encadrement médico-social permettent de fournir plus efficacement les soins en réduisant les frais de déplacement du personnel soignant pour les personnes ayant un besoin faible en soin.

Pour les prestations à domicile, le nombre d’heures de soins à domicile pour les personnes de 65 ans et plus se situerait, selon les prévisions de la planification, entre 1’097’528 et 1’742’046 heures en 2035. Contrairement aux soins à domicile, le nombre d’heures d’aide à domicile fournies à la population de 65 ans et plus stagne en Suisse et en Valais. Il en résulte que le nombre d’heures d’aide à domicile devrait se situer entre 289’547 et 346’215 heures en 2035.

Par ailleurs, les structures intermédiaires sont indispensables pour soulager les proches et l’entourage. C’est pourquoi la planification prévoit jusqu’à 161 nouveaux lits de court séjour en EMS et jusqu’à 348 places en structures de soins de jour à l’horizon 2035.

Prestations Minimum 2035 Maximum 2035
Lits long Séjour en EMS + 442 lits + 769 lits
Appartements à encadrement + 664 locataires + 1'305 locataires
Soins à domicile + 395'944 heures +1'040'462 heures
Aide à domicile  + 103'775 heures + 160'443 heures
Lits court séjour en EMS + 32 lits + 161 lits
Structures de soins de jour + 271 places + 348 places 

La planification laisse une marge de manœuvre aux régions pour définir la composition de l’offre entre les limites minimales et maximales fixées. Si le minimum de lits d’EMS est mis en place, il conviendrait alors de développer les autres prestations selon le maximum défini, afin que les besoins soient couverts. Les deux scénarii ci-dessous sont ainsi envisagés.

  • une prise en charge orientée EMS : mise à disposition du nombre maximum de lits de long séjour et du nombre minimum des autres prestations ;
  • une prise en charge orientée domicile : mise à disposition du nombre minimum de lits de long séjour et du nombre maximal des autres prestations.

En fonction de ces scénarii, les incidences financières de la planification sur les contributions et subventions d’exploitation versées par les pouvoirs publics sont estimées à un montant compris entre 69 (orientation EMS) et 94 (orientation domicile) millions de francs  pour l’année 2035. Cela représenterait une croissance nette (inflation non comprise) de 4 à 5.1 % par an en moyenne entre 2023 et 2035. Les subventions d’investissement sont, quant à elles, évaluées entre 12 (orientation domicile) et 15 (orientation EMS) millions de francs par an. Ces subventions étaient en moyenne de 8 millions de francs entre 2010 et 2024.

La prise en charge orientée EMS s’avère ainsi moins coûteuse à l’exploitation que la prise en charge orientée domicile (25 millions de francs de moins en 2035). Mais elle nécessitera des investissements plus conséquents (3 millions de francs de plus par an). Investir dans le développement des EMS et des appartements à encadrement médico-social permettra ainsi de réaliser des économies sur les dépenses d’exploitation compensant largement les investissements en question.  

La mise en œuvre de cette planification soulève un nombre important de défis, notamment les capacités à construire les nouveaux lits d’EMS et appartements à encadrement médico-social, la disponibilité du personnel soignant et les possibilités de financement. Des réponses pourraient être apportées par une approche plus globale de la prise en charge des personnes âgées.

La stratégie « Politique des Générations 60+ : stratégie santé-sociale », mise en consultation durant le printemps 2025, propose en effet des orientations allant dans ce sens. Elle pose notamment pour objectif de contenir les besoins futurs en soins par la promotion de l’intégration sociale, le renforcement des mesures de promotion de la santé, l’accompagnement des seniors dans leur autodétermination et la création d’environnements adaptés. Elle nécessitera une révision législative de manière à disposer de bases légales permettant le développement des prestations et assurer leur financement.

La consultation est ouverte jusqu’à fin mars 2026. Les documents de la consultation sont disponibles sous https://www.vs.ch/web/che/consultations-cantonales-en-cours. Toute personne ou institution est invitée à se prononcer. Le rapport définitif sera établi après analyse des résultats de la consultation, puis soumis à l’approbation du Conseil d’Etat.

 

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