En visite à St-Maurice avec Fabien Lafarge

Explorer autrement un lieu que l’on croyait connaître

La découverte de Saint-Maurice commence logiquement à la gare. Le bâtiment se distingue par sa grande verrière, un élément que Fabien Lafarge remarque toujours. Elle lui rappelle celles d’autres gares suisses, comme Lausanne. « C’est un bel élément architectural… on est contents d’y arriver » confie-t-il.  


 

Pour lui, la gare n’est pas seulement un point de passage : il y a grandi. Le café-restaurant tenu par ses parents se trouvait juste en face. L’établissement a été repris et la place reste très animée, rythmée par les arrivées de train, la vie de quartier et surtout le flux quotidien des élèves. « Deux fois par jour, St-Maurice connaît un flot d’élèves et étudiants qui quittent la gare pour le cycle, le collège ou la Haute Ecole pédagogique » ajoute notre guide du jour.

Aujourd’hui, une partie du bâtiment accueille la Station, un espace de coworking installé dans les anciens guichets CFF — une manière, dit-il, de redonner vie à un espace existant, tout en gardant le lien avec la fonction de transit du lieu.


 

Une singularité géographique : la falaise fortifiée

Depuis la gare, le regard se porte naturellement vers la falaise. Fabien Lafarge rappelle que tout le flanc rocheux a été creusé par l’armée, avec cuisines, chambres et postes d’artillerie enfouis dans la paroi. Un détail visible depuis la place — une encoche brun-rouille — indique encore l’emplacement d’une ancienne pièce d’artillerie.

Plus haut, la chapelle du Scex se détache dans la montagne. Construite au XVIIIᵉ siècle, elle se rejoint par 487 marches, souvent empruntées par les clubs sportifs pour s’entraîner. Le site est fermé en hiver, en raison des chutes de pierres et de glace, et fait actuellement l’objet de travaux de sécurisation.

 

Un souvenir : L’ancien Cycle d’orientation devenu bâtiment communal

La balade se poursuit dans la Grand-Rue, où se mêlent bâtiments patrimoniaux, services publics et petites adresses appréciées.

Fabien Lafarge s’arrête devant l’ancien cycle d’orientation, où il a fait sa scolarité. Le lieu a été entièrement réaffecté ; il est devenu bâtiment communal. Une transformation qui réunit aujourd’hui administration, espaces associatifs, ludothèque et mouvements culturels. Les séances du conseil municipal se tiennent d’ailleurs juste au-dessus de l’ancienne salle des profs.

Juste devant, le parc de la Tuilerie a été réaménagé : fontaine rénovée, espace ouvert et fréquenté, lieu de passage quotidien des élèves et habitants. Un espace autrefois scolaire devenu un véritable carrefour social.

 

Sa petite adresse : la boutique de son amie Anouk, AMT Design

Un peu plus loin dans la rue, l’Agaunois aime aussi mentionner la boutique d’une de ses amies, Anouk. Un petit commerce local qui propose notamment des créations graphiques inspirées du territoire :  « Elle redessine des montagnes, elle imprime ça sur des tableaux, des casquettes, des tee-shirts… j’y achète souvent mes cadeaux », explique-t-il.

 

Une anecdote : L’ancien bâtiment communal et son balcon

Tout au bout de la Grand-Rue, sur la Place du Parvis, un détail discret récompense les passants qui prennent le temps de lever les yeux : le balcon de l’ancien bâtiment communal. C’est depuis ce petit promontoire que sont proclamés les résultats des élections.

À chaque scrutin, le Secrétaire de l’administration communale s’y tient pour annoncer publiquement les noms des élus, perpétuant ainsi une tradition locale. C’est d’ailleurs à cet endroit précis que Fabien Lafarge a entendu pour la première fois son nom lors de l’annonce officielle de son élection au conseil municipal, en octobre 2020.

 

 

Un lieu insolite : La Petite Californie

En contrebas de la route cantonale s’étend un quartier à l’histoire particulière.

Dans les années 80, quelques habitants du quartier du Glarier, longtemps perçu comme le quartier le plus pauvre de Saint-Maurice, se sentaient un peu en marge de la cité d’Agaune. Pour renforcer leurs liens, ils décidèrent de dresser l’inventaire de leurs biens. Ils n’avaient presque rien, mais, avec humour, constatèrent que leur richesse humaine et l’esprit du quartier suffisaient à en faire « peut-être pas la Californie, mais un peu quand même ».

C’est ainsi qu’ils choisirent de rebaptiser l’endroit Petite Californie. On y trouve la maison du Gouverneur, Guy-François Panchard, liée à une tradition elle aussi singulière : le gouverneur de la Petite Californie est élu… à vie. Une fonction symbolique qui rappelle que le quartier s’est toujours organisé lui-même, avec fantaisie et solidarité. Au milieu se trouve une place qui dispose de sa plaque officielle, ornée à la fois des armoiries de la Californie et de celles de St-Maurice.

 

Une œuvre d’art : La fresque « Barrière »

Un mur antibruit, ça n’est pas forcément très joli. Sauf dans le quartier du Glarier. Depuis le printemps 2024, Saint-Maurice accueille une fresque de street art intitulée "Barrière" et réalisée par l'artiste français Keim dans le cadre d’ART Valais. Ce mur est ainsi devenu œuvre d’art : oiseaux, fleurs, motifs aquatiques, lignes pastel. Pour Fabien Lafarge, cette fresque est importante : elle modifie la perception du quartier et lui offre une identité visuelle renouvelée.

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Pour les gourmands : le poireau

Le poireau occupe une place à part dans la mémoire locale. Culturellement associé à Saint-Maurice, il poussait en quantité dans le quartier des Îles, dont les sols sablonneux, autrefois inondés par le Rhône, lui convenaient bien.
Les habitants sont d’ailleurs surnommés “mangeurs de poireaux” — Peca-Poré en patois — en référence à la soupe traditionnelle servie lors des grandes fêtes.
Lors du 850ᵉ anniversaire de la Bourgeoisie, une grande tablée avait d’ailleurs envahi toute la Grand-Rue pour en partager une version préparée pour l’occasion.


 

Sa balade de prédilection : le tour de la falaise

S’il fallait ne faire qu’une balade, Fabien Lafarge choisirait celle-ci : le tour de la falaise. Une boucle qui part du village, traverse le hameau des Cases, grimpe vers le plateau de Vérossaz par le chemin de « La Poya », redescend vers le château, puis revient en ville.

Cette balade permet à notre hôte du jour de trouver sa gourmandise locale :
« Je ramasse de l’ail des ours au printemps, près de la grotte… pour faire du pesto ou du beurre ». On en trouve en abondance dans les sous-bois humides situés au pied de la falaise, le long du chemin qui mène à la Grotte aux Fées et le parfum puissant des feuilles guide le gourmand dans sa quête.

Deux heures d’effort doux, au fil des panoramas qui racontent toute la géographie du lieu.
Une balade si appréciée qu’elle sert aussi de base au parcours du Défi des Chalets, dont la version « gourmande » propose des pauses de dégustation. Ici, marcher et savourer vont décidément très bien ensemble.

 

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