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Présence du loup en Valais - Demande de régulation exceptionnelle à la Confédération et soutien financier supplémentaire pour les éleveurs

Le nombre de loups présents dans le canton augmente de manière exponentielle. Depuis le retour du grand prédateur sur le territoire cantonal en 1995, 114 loups ont été identifiés à ce jour, contre 39 il y a 5 ans. Afin de répondre aux défis que pose le développement important de la population de loups et la pression qu’elle exerce sur l’agriculture de montagne, l’Etat du Valais renforce son soutien aux éleveurs. Il allouera un million de francs supplémentaire à la protection des troupeaux. Le canton attend de la Confédération qu’elle adapte rapidement le cadre juridique en vigueur car celui-ci ne correspond plus à l’évolution exponentielle de la population de loups. Face à l’urgence de la situation, le canton doit obtenir à titre exceptionnel la possibilité de réguler la surpopulation de loups.

Depuis le retour du grand prédateur sur le territoire cantonal en 1995, 114 loups ont été identifiés à ce jour en Valais. La présence de 4 meutes est attestée dans le canton. Ces chiffres ainsi que diverses observations sur le terrain permettent d’estimer actuellement la présence de 50 à 70 individus. Depuis 2018, le nombre d’individus présents sur le territoire cantonal a plus que doublé. Cette évolution rapide de la population de loup et la mise en place de mesures de protection ont un impact direct sur le nombre d’animaux de rentes prédatés. Ainsi en 2021, 336 animaux ont été tués par le loup contre 302 en 2020 et 205 en 2019. Depuis le début de l’année, 84 animaux de rentes ont déjà été tués par le loup.

Face à l’évolution rapide des populations de loup, l’Etat du Valais a estimé que les moyens à disposition pour la protection des troupeaux et le cadre législatif fédéral n’étaient pas suffisants. Le Conseil d’Etat a écrit l’an dernier au Conseil fédéral pour demander un soutien financier plus conséquent pour la protection des troupeaux et un assouplissement de la règlementation actuelle qui ne permet que rarement de résoudre dans des délais adéquats les problématiques que rencontrent les éleveurs sur le terrain. Il a été entendu dans le domaine de la protection des troupeaux, puisque la Confédération a mis à disposition 5,7 millions de francs supplémentaires pour la saison d’estivage 2022.

Pour ce qui est de la régulation du grand prédateur, le canton attend toutefois une plus grande marge de manœuvre. Aujourd’hui, il peut ordonner le tir d’un loup isolé si celui-ci tue 10 animaux de rente en situation protégée ou non protégeable. Dans le cas d’une meute, le canton peut ordonner un tir de régulation si 10 animaux de rente sont tués en situation protégée ou non protégeable après avoir obtenu l’autorisation de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Actuellement, les dégâts causés par le loup dans le canton ne sont pas acceptables, raison pour laquelle le Conseil d’Etat a écrit un nouveau courrier au Conseil fédéral cette semaine afin qu’il édicte une ordonnance de nécessité afin de permettre au canton de réguler pendant six mois la surpopulation de loups en coordination avec l’Office fédéral de l’environnement. Le canton demande également une simplification des procédures administratives ainsi qu’une indemnisation des éleveurs pour tous les animaux non retrouvés suite à une attaque avérée de loup, déduction faite des pertes naturelles.

Finalement, la révision de la Loi fédérale sur la chasse (LChP) doit être menée le plus rapidement possible afin de permettre, notamment, une régulation préventive du loup sans devoir attendre d’importants dommages aux animaux de rentes.

A ce jour, le Valais compte plus de 150 alpages exploités durant l’été par des éleveurs de moutons. Le maintien de cette activité pastorale est essentiel notamment pour l’entretien du paysage, la préservation des races autochtones et pour le développement de la biodiversité. Durant l’hiver 2021-2022, l’Etat du valais a défini les critères qui permettent de déterminer si un alpage est considéré par le canton comme protégeable ou non. Les critères pour la définition des mesures s’inspirent de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et certains ont été adaptés à la réalité cantonale. Il s’agit notamment de la taille du troupeau, l’accessibilité, le rendement, le gardiennage ou la présence de chiens de protection. Un critère économique a également été introduit. Le but de cette politique consiste à atteindre et à maintenir une gestion durable des exploitations d’estivage, principalement en termes de rentabilité et d’écologie. En collaboration avec les exploitants, le Service de l’agriculture (SCA) a ensuite défini les mesures de protection à mettre en place sur les alpages protégeables. Ainsi, les protocoles de protection de tous les alpages du canton ont été actualisés.

Afin de faire face à la pression croissante des grands prédateurs sur l’agriculture de montagne, le Grand Conseil a accepté un financement supplémentaire de 1 million de francs pour la protection des troupeaux. Sur ce montant, le Conseil d’Etat a décidé d’allouer 750’000 francs à la mise en œuvre des mesures de protection sur les alpages, y compris ceux considérés comme non protégeables. Les mesures de protection des troupeaux donnant droit à des contributions du canton comprennent notamment le gardiennage de l’alpage, l’utilisation de chiens de protection, la pose de clôtures, la mise en place de parcs de nuit ou encore exceptionnellement l’utilisation d’ânes. 150’000 francs restants permettront de soutenir des projets en lien avec la protection des troupeaux, comme l’élevage de chiens de protection ou la mobilisation de civilistes ou de bénévoles. Finalement, 100’000 francs restants serviront à couvrir les frais en matière de ressources humaines pour le renforcement du conseil aux exploitants en matière de protection des troupeaux.