News

Nouvelle parution «Le plateau des Frisses» CAR 185

30/11/2020 | Office cantonal d'Archéologie

Le plateau des Frisses près d’Argnou, sur le territoire de la commune d’Ayent, bénéficie d’une excellente situation. Baigné de soleil toute l’année grâce à son orientation et son dégagement vers l’est et le sud, et situé à proximité de la voie menant aux cols du Rawyl et du Schnidejoch pour rejoindre le Plateau suisse, il n’est pas surprenant que nos ancêtres s’y soient établis et l’aient exploité pour l’élevage et l’agriculture.

Au printemps 2002, le plateau des Frisses est équipé pour y accueillir des constructions sur une trentaine de parcelles. L’occasion était donnée d’analyser les nombreuses coupes de terrain avant toute construction. Dès les premières observations des profils, des aménagements protohistoriques et d’époque romaine ont été reconnus. Rapidement informée par l’archéologie cantonale, la commune d’Ayent s’est montrée particulièrement intéressée par ces découvertes qui venaient enrichir un patrimoine archéologique déjà abondant. Une marche à suivre est définie en décembre 2002 pour permettre le suivi des travaux de construction à venir, en définissant ainsi le onzième secteur archéologique sur le territoire communal.

Il est remarquable que, grâce au concours de la commune d’Ayent, des propriétaires et des entreprises de terrassement, toutes les constructions réalisées aux Frisses ont fait l’objet d’une surveillance archéologique. Sur les vingt maisons d’habitation achevées en 2020 sur le plateau, sept ont mené à des fouilles détaillées. Ces interventions ont mis au jour des vestiges d’occupations du début de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer ainsi qu’un établissement agricole de l’époque romaine. Bien que seules les excavations pour les bâtiments aient été analysées et que près d’un tiers des parcelles ne soient pas encore construites, la publication détaillée des résultats des études menées jusqu’à présent s’impose. Les observations de terrain indiquent par ailleurs que, en dehors d’une parcelle sur laquelle se prolonge un bâtiment dégagé en 2003, le potentiel des vestiges à découvrir est limité. Ce volume détaille l’ensemble de ces découvertes sur une vingtaine d’années.

Le site des Frisses est exceptionnel à plus d’un égard. On relèvera la mise au jour de la première inscription relative au pâturage des bovidés des Alpes occidentales, en caractères lépontiques ; la présence d’un établissement rural d’époque romaine sur le coteau de l’adret valaisan constitue également une nouveauté ; enfin, l’aire cultuelle du domaine, composée de fosses contenant des résidus de crémation et des offrandes non brûlées, sans restes osseux ou en quantité négligeable, est une originalité dans le monde funéraire romain du Valais.

Après une présentation du contexte général, des différents chantiers de fouilles et des occupations préhistoriques, Olivier Paccolat et les nombreux chercheurs qui ont contribué à cette étude nous emmènent à la découverte de la villa rustica, en particulier l’habitation, ses dépendances et son aire cultuelle. Malgré un contexte stratigraphique souvent difficile, sans couche archéologique mais uniquement en présence de structures en creux juxtaposées, et le morcèlement des surfaces étudiées, l’analyse fine des vestiges de construction, des structures et du mobilier présentée dans ce volume, incluant également les restes fauniques et botaniques, parvient à mettre en évidence les caractéristiques d’un domaine relativement modeste, indépendant, et permet d’en suivre l’évolution durant près de deux siècles. L’intégration des découvertes d’Argnou dans le contexte régional apporte ainsi une vision nuancée et plus précise du Valais à l’époque romaine.

François Mariéthoz, archéologue cantonal adjoint

PACCOLAT O., "Le site archéologique du plateau des Frisses à Ayent/Argnou (Valais, Suisse). Occupation préhistorique et ferme gallo-romaine", Archaeologia Vallesiana 20, CAR 185, 2020.

Documents