
ReportageUn slalom entre les langues au cœur de la Foire du Valais
Le stand, situé à l’entrée du CERM 1, invite les curieux à « slalomer » entre différentes zones thématiques. Ici, un quiz sur les helvétismes. Là, un memory bilingue. Plus loin, une vidéo mettant en scène des figures locales comme Viola Amherd ou Ramon Zenhäusern. Chaque activité, soigneusement pensée, incite à découvrir les deux langues officielles du canton. « Les gens prenaient le temps de découvrir la carte du Valais et les fresques. Ils posaient des questions comme : « C’est quoi ça ? » ou « Qui est ce personnage ? » Cela facilitait les discussions », raconte Patricia Ming.
Favoriser les échanges linguistiques
L’espace n’a pas seulement conquis les adultes : il s’est aussi adressé aux jeunes. L’implication du Bureau des échanges linguistiques (BEL) a été centrale dans la conception du stand, avec un objectif clair : « Faire de ce stand quelque chose d’attractif et utilisé par la jeunesse valaisanne, un lieu de rencontre entre le haut et le bas du canton », explique Sandra Schneider, directrice du Bureau des échanges linguistiques.
Ainsi, des visites organisées ont permis à 29 classes – des élèves du primaire, des cycles d’orientation et des écoles professionnelles – de découvrir l’exposition didactique. « Des défis en lien avec le bilinguisme leur ont été proposés, comme réaliser une vidéo en binôme, avec un camarade de l’autre langue.Tous les retours ont été positifs, c’est à refaire ! », se réjouit-elle.
Ce stand a également été une vitrine pour le BEL et ses activités. Des parents et des jeunes en ont profité pour se renseigner sur les offres d’échanges. De quoi susciter encore plus de séjours linguistiques pour le Valais qui est déjà le champion national du domaine.
Promouvoir une identité bilingue
« Le rapport du Valais avec son bilinguisme officiel n’est pas simple. Avec ce projet, nous entendions réunir le Haut-Valais et le Valais romand plutôt que les opposer. Nous voulions promouvoir une meilleure communication et compréhension entre les deux parties du canton », explique Virginie Borel, directrice du Forum du bilinguisme et coresponsable du stand.
« Une anecdote marquante a été le dialogue entre un visiteur sceptique et une jeune étudiante qui animait le stand », raconte Virginie Borel. « Il était initialement opposé à l’idée du bilinguisme, mais cette jeune femme lui a expliqué, avec des arguments inspirants, pourquoi elle avait choisi cette voie et en quoi les langues étaient essentielles pour sa carrière. Si je devais engager quelqu’un, ce serait elle. Elle a incarné à elle seule tout le sens de ce projet. »
Les élèves présents sur le site ont particulièrement apprécié la découverte de la Foire. « Pour les jeunes du Haut-Valais, venir à Martigny était une nouveauté, tout comme pour certains Bas-Valaisans d’échanger avec des camarades d’une autre culture. Ces échanges ont montré que le bilinguisme pouvait être vécu positivement », ajoute Sandra Schneider.
Une collaboration fructueuse
Fruit d’un an de travail, le succès de ce stand repose sur une collaboration étroite entre le Forum du bilinguisme, le Bureau des échanges linguistiques et divers services cantonaux. L’expérience s’est inspirée du stand du Forum du bilinguisme présenté à la BEA de Berne en 2022, tout en adaptant le concept au contexte valaisan. « Nous avons repris certains éléments, comme la carte et le quiz, mais en intégrant des spécificités culturelles du Valais comme un bar pour accueillir les invités et visiteurs », précise Patricia Ming. « En tant que non-Valaisanne, travailler avec les codes de la Foire du Valais a été passionnant. C’est un lieu vivant, où tellement de choses se passent », confie Virginie Borel.
Le stand était bien plus qu’un simple lieu d’exposition : il était pensé comme un point de rencontres. « Le stand était très bien placé, et les gens étaient contents de parler allemand ou haut-valaisan. Pas de barrières linguistiques, c’était juste magnifique », se réjouit la directrice du Bureau des échanges linguistiques (BEL).
Des élèves de 2ème et 3ème années de l’Ecole de culture générale (ECCG) bilingue de Sierre ont participé à l’animation des lieux, apportant une énergie nouvelle au projet. « Ils ont donné un visage au stand. Voir autant de jeunes et de classes participer à la vie de cet espace était vraiment chouette », se souvient la directrice du Forum du bilinguisme.
Une fresque et une carte réalisées par l’artiste sierrois Julien Valentini
Les visiteurs ont également été charmés par l’ambiance colorée des lieux. A l’origine de cette atmosphère et de l’habillage artistique du stand se trouve l’illustrateur Julien Valentini. L’artiste sierrois est l’auteur du logo officiel #zämuensemble, de la fresque des célébrités valaisannes et d’une gigantesque carte géographique.
L’artiste a investi 150 heures de travail pour illustrer l’ADN bilingue du Valais. « Ce projet m’a permis de mieux connaître mon canton et ses figures emblématiques. C’était une expérience formidable, et les réactions sur le stand étaient extrêmement positives », confie-t-il avec enthousiasme. Julien Valentini avoue s’être autorisé quelques fantaisies en réalisant la carte du Valais : « J’y ai intégré une soucoupe volante, des dinosaures et même un dahu », s’amuse-t-il.
Et pour la suite ? L’illustrateur envisage une version plus compacte de sa carte, destinée à être distribuée dans les écoles valaisannes.
Moments marquants et anecdotes : entre surprise et succès
Le stand « #zämuensemble » a été le théâtre de nombreuses anecdotes, témoignant de l’engouement qu’il a suscité. Parmi elles, un moment marquant a été la visite des parents de Nuit Incolore, venus admirer la fresque où figurait leur fils. « Ils ont demandé à ne pas jeter cette partie, au cas où ils pourraient la récupérer », ajoute Patricia Ming.
Le selfie-maton, installé à l’entrée, a connu un véritable triomphe, avec plus de 3400 clichés capturés en dix jours, permettant aux visiteurs de repartir avec un souvenir personnalisé. En parallèle, 5000 sachets de graines et 3000 cartes postales ont été distribués pour faire fleurir le bilinguisme au-delà du stand.
Parmi les éléments les plus marquants, Sandra Schneider souligne la popularité de la carte géographique géante du Valais. « On m’a mille fois demandé où on pouvait la voir ou l’obtenir. C’est un outil pédagogique ludique pour les jeunes et … les moins jeunes. La géographie et l’histoire participent aussi au rassemblement », affirme-t-elle. Ce retour positif ouvre la porte à une utilisation future de la carte, notamment pour prolonger l’expérience éducative autour du bilinguisme.
On m’a mille fois demandé où on pouvait la voir ou l’obtenir. C’est un outil pédagogique ludique pour les jeunes et … les moins jeunes. La géographie et l’histoire participent aussi au rassemblement.
Un impact à long terme
Ce stand ne marque pas la fin de l’aventure, mais plutôt le début d’une nouvelle dynamique. Certains éléments du stand, comme la carte du Valais et la fresque, pourraient être réutilisés pour d’autres événements, prolongeant ainsi l’impact de cette initiative. « Nous espérons que ce projet suscitera des idées similaires, notamment dans le Haut-Valais. Le bilinguisme reste un enjeu clé du Valais », concluent, en cœur, Patricia Ming, Sandra Schneider et Virginie Borel. Un message qui doit résonner encore longtemps, bien au-delà de la Foire.