PortraitSarah Tacchini « Drivin’Ladies permet de nous retrouver entre filles, sans jugement ».

Elle aime sillonner les routes. Juste pour le plaisir. Sarah Tacchini s’évade en voiture, le long des lacs et sur les cols. Rouler «c’est se sentir libre», dit-elle. La jeune trentenaire parcourt 25’000 kilomètres par an. «Je me déplace essentiellement en voiture. Je sais que ce n’est pas un exemple d’écologie, mais j’aime les sensations qu’elle procure, j’aime rouler, c’est ma passion», confie Sarah.

Je me déplace essentiellement en voiture. Je sais que ce n’est pas un exemple d’écologie, mais j’aime les sensations qu’elle procure, j’aime rouler, c’est ma passion

Son allant pour les voitures, c’est d’abord une histoire de rencontres. Le premier chapitre s’écrit à l’adolescence. Sarah Tacchini fréquente des mordus d’autos. Certains bricolent des bolides. D’autres pratiquent les sports mécaniques. L’occasion pour Sarah de suivre ses premiers rallyes et de découvrir des compétitions de drift. « Au début, j’y allais parce que ça me faisait une sortie et puis finalement je me suis laissée prendre au jeu », se souvient la Collondzaine.

Au début, cette passion de l’automobile rime avec frustration. Faute de moyens. Durant sa formation, Sarah doit se contenter d’un vieux tacot. Le petit modèle sportif attendra. « Avec mes premiers véhicules, je n’osais pas rejoindre un club. Je trouvais ça triste », avoue-t-elle aujourd’hui.

Fini le temps de la privation. Diplôme en poche, Sarah Tacchini se fait enfin plaisir. En 2022, elle jette son dévolu sur une Toyota Yaris GR 4x4. Sous le capot de ce trois cylindres Turbo : 261 ch. «Point de vue performance, elle me suffit, pas question de la pousser davantage, je ne suis pas une pilote dans l’âme», reconnaît la jeune femme. Sarah laisse son moteur en paix, mais se lâche en revanche sur l’esthétisme de sa machine : «J’ai fait ce qu’on appelle un covering complet. Des autocollants au design personnalisé recouvrent l’entier de la carrosserie.» L’opération s’est faite avec l’aide d’un professionnel qui est aussi son compagnon.

Si je m’y connais en mécanique ? je n’aime pas trop ce genre de questions, je trouve que ça fait cliché,

Détentrice d’un Bachelor en économie d’entreprise auprès de la HES-SO de Sierre, Sarah a débuté par un apprentissage d’employée de commerce au Service de la santé publique. La Bas-Valaisanne est revenue aux sources il y a bientôt deux ans, en qualité de collaboratrice économique.

Sa passion reste ainsi au rang de hobby, Sarah préférant ne pas en faire son métier. « Mécanicienne, carrossière ou électricienne auto, ça m’aurait plu de me former dans l’automobile, sauf que je ne suis clairement pas manuelle », regrette-t-elle.

« Si je m’y connais en mécanique ? je n’aime pas trop ce genre de questions, je trouve que ça fait cliché », réplique l’intéressée. Et de poursuivre : « Je m’intéresse à la mécanique dans le sens où j’aime comprendre le fonctionnement de ma voiture. Je n’ai en revanche clairement pas les connaissances nécessaires pour me coucher sous un lift. »

 

 

Une rencontre, encore une, donnera une nouvelle dimension à cette passion. Sarah et sa collègue de travail Morgane se découvrent toutes deux fans d’automobile. Au fil des échanges, une envie commune se dessine : créer un club réservé aux femmes, « tout simplement pour avoir des copines avec qui rouler, des filles aussi avec qui échanger des conseils. »

Drivin’Ladies voit le jour en mai 2022. Le club organise des sorties. En général, le programme comprend une virée, un repas, des pauses photos et, au cas par cas, une visite. L’esprit se veut convivial, voire familial. Les cofondatrices ont aussi fixé quelques règles : « Sur le groupe WhatsApp, elles sont basiques : pas de propos injurieux, ni racistes, ni homophobes et pas de disputes en public. Au volant, on respecte les limitations de vitesse et on évite les drifts en ville », résume Sarah.

Chez nous, on a des sportives, des pick-up, des voitures de circuit et même des familiales

Les clubs automobiles sont souvent mixtes, mais que très rarement 100% féminin. Sarah et Morgane innovent dans un univers encore très masculin. « C’est une triste réalité, mais il y a encore certains hommes qui peinent à accepter des femmes dans le milieu », témoigne la milléniale. Expérience faite, Sarah ne s’est jamais vraiment sentie à sa place dans ces clubs :

Certains membres peuvent se montrer lourds. Les remarques sont parfois sexistes.

D’où le Drivin’Ladies pour se retrouver entre filles, sans jugement. » Le club est ouvert à toutes les femmes, toutes, sans restriction. Ici, pas besoin de tuner sa voiture, ni de rouler sur un véhicule à part. « Chez nous, on a des sportives, des pick-up, des voitures de circuit et même des familiales », souligne la cofondatrice. Après une année, le Drivin’Ladies compte près de 80 membres, en provenance des six cantons romands et de France voisine.

Au vu du nombre d’adhérentes, le club répond à une réelle attente. Le Drivin’Ladies fédère les mordues d’autos. Il emballe aussi les réseaux sociaux. En octobre, une vidéo publiée sur TikTok fait un carton. La publication enregistre plus de 50'000 vues. Phénoménal ! « Ce jour-là, on n’en revenait pas. On voyait les notifications, demandes d’ajout et commentaires défiler. On a vraiment, entre guillemets, explosé. On a dû doubler nos membres en quelques jours », s’étonne encore notre tiktokeuse. Depuis, l’effectif s’est stabilisé, à la satisfaction de nos meneuses. L’objectif étant de garder une taille en phase avec l’ADN du club : « Notre but, c’est de nous retrouver et de rouler ensemble. Passé un certain nombre de participantes, ça devient compliqué de se suivre sur la route. »

Jamais à court d’idées, Sarah Tacchini fourmille de projets. En marge du club, elle souhaiterait développer la communauté Drivin’Ladies : « Des filles nous suivent depuis la Belgique et le Canada. Elles peuvent devenir des ambassadrices sur les réseaux sociaux. Nos stickers, sent-bon et autres produits dérivés doivent aussi profiter à des non-membres. »

Le club songe également à se transformer en une association pour gagner en crédibilité et en poids auprès de ses partenaires, « ce serait plus facile pour négocier des avantages », selon l’économiste d'entreprise.

Enfin, la quête d’un sponsor fait aussi son chemin. La rencontre espérée ne s’est pas encore réalisée, mais le message est lancé. Perfectionniste assumée, Sarah en a toujours sous le capot.

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